C’était un grand bougre barbu, notre voisin; un Ardéchois pur jus, aimant la chasse et la pêche qu’il pratiquait avec son fils. Il avait cette façon de regarder sa femme, on aurait dit un jeune fiancé…et sa fille( elle passe le bac bientôt ),était sa fierté, son petit bonheur; j’aurais donné cher pour être, une fois, l’objet d’une telle affection paternelle…
Il est « parti » mercredi dernier, même pas de vieillesse ! Je ne réalise pas encore, que je ne le reverrai plus…il nous manque, et je pense aux siens, à leur insondable détresse.
Depuis, ma case de là-bas, ne cesse de me parler de lui, de sa famille qui doit avoir bien froid sans lui. Comment pourrait-elle accomplir tous les gestes ordinaires de la vie , sans que sa présence ne surgisse en surimpression, tant il couvait les siens de sa tendresse et de ses petites attentions.
Le grand néon de ma véranda, dominant le bois de pin? c’est lui. Lui aussi l’installation du radiateur…les bûches de chêne pour ma grande cheminée à Noël, les petits pastis et le repas d’été au restau, où je réunissais une dizaine d’ amis de trente ans, du même chemin, qui ne trouvaient pas le temps de se rencontrer en cours d’année, chacun happé par sa vie et les siens…
Tu nous manques et ta femme a dit d’une voix étranglée, au téléphone: »je m’attends à le voir franchir la porte… « .

Cette absence qui s’installe… au-delà des mots.
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Nous y sommes ,tous, si peu préparés; d’ailleurs peut-on VRAIMENT se préparer à cette « chose » -là!
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